Merci à Mr Pierre GUICHON de partager ses recherches sur notre commune.
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Le chanvre au XIXe

Au XIXe siècle, beaucoup d’habitants de Varreddes cultivent le chanvre. Ils devaient d’ailleurs le cultiver bien avant puisque le chanvre était déjà connu des Gaulois. Ils le nomment « reburnos », qui serait à l’origine du mot burnou : vêtement souple.

En Brie, chanvre était du genre féminin : la chanvre.

Début mai, à la houe le paysan trace un sillon. La terre plombée par le fer de la houe présente une surface unie sur laquelle les graines tombent toutes à une égale profondeur.

Il lève rapidement début juin. Les premières pousses, surnommées « menottes » (elles ont l’allure de petites mains), sortent de terre.

Avec peu d’entretien, trois mois plus tard le chanvre atteint de trois à cinq mètres de haut.

Les pieds sont de sexes séparés (plante dioïque), d’où le nom de canna bis.

Les pieds mâles, matures avant les pieds femelles, produisent des nuages de pollen qui fécondent les pieds femelles qui produiront des graines : le chènevis.

Deuxième quinzaine d’août, la récolte peut commencer lorsque la couleur des tiges devient jaunâtre. Les tiges femelles étaient tirées.

Une fois coupé, trié de ses graines, le chanvre était lié par des brins de seigle ou de roseaux torsadés pour former des « poignées ».

Mais avant de pouvoir être tissé, le chanvre doit subir toute une préparation :

  • La première est le « rouisssage ». Une fois les poignées réalisées, couchées sur du seigle et chargées de pierres, le paysan les met dans l’eau d’un ru ou d’une mare pour que les fibres se détachent. Après quelques jours, le chanvre est retiré de l’eau et mis en « tourettes », puis disposé sur le sol pour le séchage, ce qui lui permet de devenir léger comme la paille.
  • La seconde est le « broyage » : on le broye sous la « braie » et on le peigne au « seran » qui sépare ce qui peut être filé au rouet et l’étoupe qui ne pourra pas l’être.
  • Nouée en poupées blondes (queue de chanvre), la filasse ira garnir les quenouilles des fileuses, qui, au « touron », vont tresser des fils réguliers que les tisserands croiseront en une toile (presque) inusable.

Au XVIIIe siècle, ce travail préliminaire du chanvre était effectué à la main par les agriculteurs durant les veillées. C’était avant tout les femmes qui filaient.

Il faut différencier cette production familiale de l’activité des tisserands. La filasse livrée permettait la réalisation de draps, torchons, vêtements, cordage de marine, …

Bon nombre d’entre eux recevaient le fil d’un marchand-lissier qui récupérait ensuite la toile de chanvre pour la vendre en France et à l’étranger, ramenant en échange épices ou produits divers.

Aujourd’hui toutes ses opérations sont mécanisées.

Rien n’est perdu dans le chanvre, il donne ses fibres (issue de la partie périphérique de la tige) pour faire des étoffes, ses graines (le chènevis) pour l’huile, pour nourrir les oiseaux ou amorces pour la pêche, et ses sommités florales pour le hachich (résine issue du chanvre femelle).

La tige centrale, dépourvue de son écorce (la chènevotte) sert à la fabrication de litières absorbantes pour animaux et également comme matériau isolant en construction. Au potager, séchée et concassée, elle constitue un « mulch » qui bloque les limaces.

Au XXe siècle, la culture du chanvre fut délaissée, mais depuis deux, trois ans des essais de culture reprennent.