Merci à Mr Pierre GUICHON de partager ses recherches sur notre commune.
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La révolution de 1789 à Varreddes

Les nouvelles de Meaux sont connues à Varreddes dans la journée « Révolte le 2 may (1789) au marchez à cause de la cherté du grain ».

« Au sept du mois de septembre (1792), il y & evu sept preste et sept prisonniers qui ont evu la teste coupez, on a promenez la teste au père duschesne curez de Saint-Nicolas et celle au père david. Cetoit un pilliage à Meaux…« 

Gravure du XVIIIe. siècle : « La Bastille »

Les nouvelles de Paris, plus lentes à transpirer, sont fidèlement enregistrées par le chroniqueur Varreddois Pierre Denis : « La prise de la Bastille le quatorze Juilliet (1789)…, des soldats de tué… la tete du gouverneur, et du majors, et du prevot de Paris promenez dans les reû de Paris… »

« Grande tulmute à Paris le cinq octobre… le tocsin sonet dans tous les eglisse… la garde nationale rendu a la place de grève… la foule sy grande quil ne pouvait empechez le tulmule… a Versaille, feu par les gardes du corps et la garde parisienne… plusieurs princes sauvez de Versaille… le roy et la reine et leure enfants, monsieur et sa famille menez à Paris… etc…etc… »

L’âme populaire salue certains avantages immédiatement issus de la suppression de l’Ancien Régime :

  • La chasse est permise à tout le monde au mois d’août (1790) « Le selle a été aussi permy »
  • Suppression de la dime et des commis, ainsi que le droit de vin…« … on a plus paiez de droit de vin… le selle ne valloit bque six livr. La livres… » (1791)
  • Pierre Denis, qui ne semble pas, dans sa chronique, éloigné d’applaudir à ces mesures, ne parle pas de deux autres susceptibles cependant d’intéresser ses compatriotes :
  • L’abolition du droit exclusif de pêche (30 juillet 1793) et le droit d’aller ramasser glands, faînes et autres fruits sauvages dans les forêts de la république (11 fructidor an II).
  • L’engouement pour le régime nouveau est très compréhensible :
  • Le 28 août 1792, les droits féodaux sont abolis,
  • Le 26 mai 1793, un décret de la Convention suspend toutes suites de procédure relatives au paiement des droits censuels féodaux,
  • Le 9 Brumaire an II, un décret déclare nuls les jugements rendus et les poursuites faites relativement aux droits féodaux ou censuels abolis,
  • Le 15 Frimaire an II, un autre décret accorde facilité de résilier les baux aux acquéreurs des biens « retirés par la nation des mains du ci-devant clergé, des conventions laïques supprimées et du tyran ».

Dans le milieu séculairement féodal de Varreddes, toutes ces nouveautés durent jeter dans la stupéfaction les vassaux de monsieur de Meaux, et de plus « Il est permy de se divrorcée à présent, même plusieurs fois… » (1793).

Les Varreddois de l’époque n’useront que modérément du divorce. Aucun cas pour les années I, II, III, IV, V, IX, X de l’ère républicaine (les années VII, VIII manquent aux archives municipales). On n’en relève que deux en neuf années :

  • Le premier, du 25 Ventôse, an IV : divorce entre Antoine Andry, 33 ans, et Marie Trouillard, 22 ans, « vu l’acte de non-conciliation délivré le 15 Floréal an III par leurs parents assemblés ».
  • L’autre, du 15 Nivôse, an XI : divorce entre Nicolas Liévin, 58 ans et Geneviève Lemaître, 52 ans « pour cause de leur abandon réciproque depuis plus de trois ans » prononcé par le tribunal de première instance de Meaux, le 21 Vendémiaire précédent.

En l’an II, 4 Ventôse, (22 février 1794) on décidera la création d’une mairie : « Il seroit faite ouverture d’une porte à l’Ecole des filles sur la rue et rebouché l’autre de lalé pour en faire la maison commune ou nous tiendrons nos séance. »

Rien de plus logique, puisque les locaux de l’école de filles, rue Neuve, spacieux et en bon état, étaient capables d’abriter simultanément les services municipaux, hospitaliers et scolaires.