Merci à Mr Pierre GUICHON de partager ses recherches sur notre commune.
Vous pouvez visiter son site : www.histoirde.over-blog.com

Nicolas Vauquelin des Yveteau

Varreddes a compté parmi ses habitants un homme célèbre en son temps : ‘Nicolas Vauquelin des Yveteaux’.

Fils ainé de Jean Vauquelin de la Fresnaye poète, né au château de la Fresnaye près Falaise en 1559.

Il prend le nom  d’un petit domaine qu’il reçut en héritage « Vauquelin des Yveteaux ».

Il faillit  entrer dans les ordres mais il était moins soucieux de son salut que de ses plaisirs !

Il fût d’abord lieutenant général au baillage de Caen, puis se rendit à Paris où il pouvait mener l’existence dont il avait rêvé.

Le Maréchal d’Estrées l’introduisit à la cour, où son esprit plut au roi.

Appelé au Conseil Privé d’Henri IV, Vauquelin des Yveteaux est nommé précepteur de César de Vendôme, fils de Gabrielle d’Estrées, marquise de Montceaux, pour lequel il compose en 1604 son seul poème sérieux, l’Institution du Prince, in-8°.

Il passait à cette époque pour un homme de grande valeur et surtout de libre intelligence. Ses vers sur la naissance du Dauphin, le futur Louis XIII, dont il prend la charge de son éducation, avaient été très remarqués.

Il obtient des bénéfices de l’abbaye de St Symphorien près de Beauvais.

Il est récompensé par le roi qui lui donne Varreddes, Brianval.

A la mort d’Henri IV, déplaisant à certains courtisans, il est éloigné de la cour, défait de ses bénéfices et perd sa charge de précepteur du roi. Dès lors il vit en libre penseur épicurien, dans sa maison de St Germain.

On l’appelait  « le petit bonhomme aux yeux de cochon » tant il était insolent et hardi car il s’amusait à narguer la pudeur du siècle.

Epris de pastoral, vêtu tantôt en satire, tantôt en dieu paîen, il vivait  au milieu de ‘demoiselles’ et de nymphes jouant de la harpe.

Sa philosophie épicurienne fit de lui, le précurseur des groupes libertaires du XVIIe siècle.

En 1628, il trouve à sa porte une superbe créature qui lui explique qu’elle est la fille d’un pauvre musicien ambulant qui joue du luth dans les auberges. Elle est mariée à un nommé Dupuis, de la meilleur maison de Meaux. Le poète prend le couple chez lui, elle devient son intendante, sa nymphe. Elle le soigne tant à Paris qu’à Brianval.

En 1648, la Fronde le chasse de Paris, il se réfugie à Varreddes avec tout son équipage, loin des troubles et de la sédition.

Varreddes-Brianval fut son Montceaux. A Brianval le poète prenait plaisir à travestir la femme Dupuis en bergère, lui-même en costume de berger ou de satyre !

A 90 ans, il souffre de la prostate, ce qui nécessite de fréquents sondages, mais le chirurgien de Varreddes fut un jour maladroit… Ce qui entraîna sa mort le 9 mars 1649 dans sa quatre-vingt-dixième année.

Selon ses vœux, il fut inhumé dans l’église de Varreddes.

Son cœur repose au pied de l’autel de la Vierge dans un coffret de plomb en forme de cœur. Une plaque métallique de 24 x 10 cm fixée sur ce coffret, portant l’inscription suivante en lettres majuscules (orthographe de l’époque respectée, les mots en petits caractères ont disparu, on peut penser les suppléer) :

Cœur de NICOLAS VAUQUELIN CHEVALIER Seigneur DES YVETEAUX QUI FUT CHOUSY PAR Henri LE GRAND POUR PRECEPTEUR DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN QUI A ESTE le ROY LOUIS TREIZIEME DE CE nom.

A l’occasion de travaux, ce coffret fût retrouvé vide, et un malheureux coup de pioche perça le coffret !

En 1661, soit 12 ans après sa mort, Adam Dupuis, mari de la Ciré, fit la dépense de faire graver une inscription sur sa pierre tombale à Varreddes.

Deux épitaphes probablement dues à l’abbé de Rancé (orthographe de l’époque respectée) :

« Passant, je n’ai jamais arreté personne durant ma vie, je n’ai garde de le faire après ma mort, mais si quelque occasion t’amène en cette église, tu auras loisir de lire que Nicolas de Vauquelin, seigneur des Yveteaux, y a voulu être enterré, ayant choisi ce lieu pour m’éloigner du bruit et pour éviter la multitude, comme je faisais toujours dans le monde ; ayant tenu ma vie cachée et ma conscience nette sans ostentation, ma liberté entière sans dissolution. Je crois ne te devoir pas céler que j’ai été aimé de Henri le Grand, IVe de nom, comme tu verras par ces vers, car c’est chose qui doit passer en admiration, que le moindre de tous les hommes ait été estimé du plus grand prince de la terre, ayant été choisi par lui pour l’instruction de ses enfants ; et puisque tu as eu patience, je te veux apprendre en un moment tout ce que j’ai appris de certains en quatre-vingt-dix ans, et ce que peut-être tu scais bien, qui est que l’amour de Dieu et l’obeissance de ses lois et de l’Eglises, sont les seuls vrais fondemens de la felicité de ce monde et de l’autre ».

Pendant la Révolution en 1793, la pierre tombale fût démontée et conservée chez un menuisier qui s’en sert alors pour broyer son mastic.

En 1872, on la retrouve à la sacristie et lors de la réfection de l’entrée de l’église, on le replace où elle est actuellement.

Le registre terrier de 1618, à l’article 4347 décrit ce qui était sans doute son habitation à Varreddes :

« Item audit Varreddes, une grande maison, logis, grange, étable, cour, jardin et enclos fermé de murailles, contenant 3 arpents, 33 perches, tenant à la grande rue qui conduit de l’église au moulin dudit Varreddes, d’un bout à la rue Boutonneuse (ex rue croche Mur ou Cloche Mur, actuellement Petite Rue), d’un autre bout à blaise Petit, Le Riche, Gilles Larcher et autres. »